Première publication: édito insertcasa.com du 9 février 2012

Mise à jour: 30 juin 2012

Question d'un lecteur de France:

Je cherche un deux pièces pour 50'000 euros… ("Non")


Semaine du 1er au 6 février, le téléphone sonne:

- Bonjour, je cherche un appartement deux pièces sur la Costa Blanca, pas trop loin de la mer, j'ai 50'000 euros.

- Moi: désolé, avec ce budget, vous ne trouverez guère qu'un studio, et d'ailleurs, à ce prix-là, moi, je n'ai rien.

- Oui, mais enfin, c'est bien la crise en Espagne, non ?

La crise, oui, mais pas à ce point-là. Celui qui a payé un tel appartement 150'000 euros sera peut-être disposé à le vendre à 100'000, et à supporter une perte de 50'000, mais pas plus. Au-delà, il le garde en attendant des jours meilleurs.

À quoi je me suis entendu répondre (dans un autre entretien téléphonique, qui n'a pas duré longtemps): mais ce sont des spéculateurs et vous les aidez !.

…pas plus que celui qui espère acquérir un bien avec 66% de rabais au lieu de "seulement" 33%. Ce d'autant que depuis six ans, les prix de l'immobilier côtier espagnol ont baissé (de 33%), mais pendant ce temps, le coût de la vie a tout de même progressé de 14%.

La vente urgente

Subsiste le cas de celui qui doit vendre à tout prix, pressé par des événements personnels. Mais aujourd'hui, après des années de baisse, celui qui DEVAIT vendre à n'importe quel prix l'a fait, et ceux qui n'ont pas vendu à n'importe quel prix, c'est parce qu'ils n'ont pas besoin de le faire. Ils ont décidé de rester quelques années de plus en Espagne, en attendant que la situation se rééquilibre.

Exemple: au début de chaque année, nous "faisons le ménage" dans nos pages, avec appels téléphoniques aux propriétaires, pour vérifier que nous sommes à jour. Résultat: depuis début janvier, 25 propriétés ont été retirées du catalogue. De celles-ci, 6 ont été vendues par leurs propriétaires qui avaient oublié de nous le dire, et 19 retirées par d'autres propriétaires, las des offres extrêmement basses qu'ils reçoivent. Et probablement pour cette même raison, depuis quelques mois, nous ne recevons plus beaucoup de propriétés à vendre.

Il y a "immobilier" et "immobilier"

Remarquons aussi que s'agissant des prix, au moins pour les villas, il n'est plus guère de baisse à attendre: il y avait au début de 2012 en Espagne une surcapacité de 818'000 logements vides, c'est vrai, mais il s'agit d'appartements, construits à grande échelle et dans l'euphorie à l'époque de "l'économie de la brique", pas de villas individuelles, objets par définition destinés à des individualistes, qui n'ont jamais été construites en série, ne sont donc pas en surnombre, et dont la réserve s'amenuise. Il en va de même pour des appartements en situation exceptionnelle, par exemple en front de mer.

Le type même du faux bon plan

Finalement, une dernière remarque. Cette conviction affichée par certains d'avoir "le bon plan", et de pouvoir acheter avec 66% de rabais parce que "c'est la crise", révèle une certaine naïveté, non, bon, disons au moins innocence. Car depuis près de quinze ans que je suis dans le métier, ma route a inévitablement croisé celle d'individus peu scrupuleux, et prêts à donner raison à un tel "client".

Ils sauront lui promettre monts et merveilles (je connais une villa paradisiaque, je peux vous la faire baisser substantiellement si…), obtenir avec la reconnaissance émue de cet acheteur "chanceux" (mais il faut faire très vite), une quelconque avance "de réservation" (je vous l'aurai au prix d'un appartement) en faisant signer par le "client" un contrat que ce dernier n'arrivera jamais à faire exécuter, avant de voir ensuite disparaître le "vendeur" dans la nature… avec "l'avance de réservation", bien sûr !

Vous ne me croyez pas sur la base du discours ci-dessus ? Normal: je n'ai pas assez d'imagination. Mais eux l'ont, et lorsqu'ils entendent des réflexions hallucinées du style "moins 66%" leur instinct s'éveille ("oh le beau pigeon"): "mais bien sûr, Monsieur le Client, chez moi, vous allez trouver ça".

Chez INSERT nous montrons au propriétaire vendeur qu'il va être impossible de proposer un bien au prix d'il y a sept ou huit ans, mais nous souhaitons aussi que le candidat acheteur se rende compte de ce que tout a un prix, et que seul le rêve promet des rabais de 66%.

J. Gaillard


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